Je suis allongé sur le dos et elle est là, les mains croisées sur mon torse, le menton posé à leur intersection. Elle me sourit, plongeant son regard d’un bleu profond et me dit : « je suis enceinte ». L’instant est étrange. La moitié de son visage est couvert d’un mélange de semence légèrement brunâtre, tandis que son ventre gargouille encore de l’étreinte brutale qui nous animait il y a quelques minutes. Encore fortement dilaté, son sphincter anal revient lentement en position nominale, non sans brutalement expulser quelques résidus de liquide séminal agrémentés de petits copeaux chocolatés, tel un volcan effusif.
Autant vous dire que l’annonce du futur enfant n’a pas réussi à nos draps qui, déjà bien entamés par la copulation, ont reçu une généreuse couche de vomi. Au bout de longues minutes de mutisme, les premiers mots qui sortirent de ma bouche furent :
« Es-tu certaine qu’il est de moi? »
Trois jours après qu’elle ait quitté la maison en pleurs pour se réfugier chez sa meilleure copine (qui me déteste) Josseline, je ne me suis toujours pas remis du choc. Moi qui ai, de ma verve habituelle, fustigé les jeunes parents dans un précédent article, suis-je voué à ma propre perte par la faute d’un piège grossier tendu par ma partenaire?
Car oui, je ne suis qu’une victime dans l’affaire. Je n’ai jamais vraiment donné mon accord, et si j’ai dit oui, c’était pour lui faire plaisir. Et puis bon, elle était en train de me sucer, alors je vous mets au défi d’avoir fait mieux que moi sur le moment! Et puis bon, moi je m’attendais à une lubie du moment, un peu comme quand elle a ses règles, elle est chiante et agressive pendant une semaine et après c’est réglé jusqu’au mois prochain! Tandis que là, j’en prends pour 20 ans, merde.
Déjà (si elle revient), elle va se transformer en maman, et quand je vois la gueule de celles dans mon entourage, je ne suis pas dans la merde. Laides, grasses, déformées physiquement et intellectuellement par la grossesse, elles ne me donnent que peu d’espoir de retrouver ce cul d’une môme de 10 ans (mais légal) que j’affectionne tant. J’appréhende déjà les conversations tournant exclusivement autour d’un enfant pendant des heures. Mais quel enfer? Et mon sommeil? Et mes parties de jeux vidéos!!! ET LES SORTIES AVEC LES POTES§§§
Non putain, non c’est pas possible. Sachant qu’en plus elle ne veut pas avorter, surtout depuis qu’elle fait partie du mouvement des Survivants, cette bande de cons qui croient que l’avortement a été un véritable génocide alors qu’en fait on s’est simplement gouré de gosses à zigouiller quand on les voit bel et bien vivants aujourd’hui.
Excusez-moi, trop d’émotions, je suis au bord des larmes à l’écriture de ce texte, car je réalise au fur et à mesure ce qui m’attend.
Moi qui était passé à 2 branlettes par semaine depuis qu’on était ensemble, qu’est-ce qu’il va se passer maintenant quand elle va être trop grosse ou trop occupée pour baiser? Elle pense à moi à ce moment-là? Je la connais, elle ne fera même pas l’effort pour me caresser le bout de la bite avec ses lèvres! Mais quelle égoïste!!!
Elle m’a rappelé hier soir, elle accepte de revenir à la maison à condition que ce soit elle qui choisisse le prénom. J’ai dit oui, il faut dire que je ne comprenais pas comment le lave-vaisselle se lançait, j’ai encore été faible. Nous avons discuté, et on a convenu que je pourrai émettre un avis consultatif sur le prénom dès lors qu’on connaîtrait le sexe.
Putain je suis angoissé, heureusement que vous êtes là, à me lire par milliers. J’espère qu’il sera normal, et pas avec une gueule de macaque comme tous les nouveaux-nés.
Quelques jours ont passé, et je commence à me reprendre.OK, tu veux qu’on le garde, très bien, par contre ma poule tu vas morfler en attendant, et j’ai 9 mois pour me défouler.
Déjà ce qui est cool, c’est qu’elle commence à vomir tout le temps, et le moindre geste que je fais à son égard lui fait plaisir, comme lui tendre un sopalin quand elle sort des chiottes alors que je suis en train de terminer le couscous qu’elle a préparé pour le dîner. C’est magique, la moindre attention passe pour un geste flamboyant : et dire que pendant des années je me suis trituré les méninges pour lui trouver des supers cadeaux et de bonnes adresses de restaurants!
La nuit, elle dort mal mais je m’en branle, j’ai un sommeil de plomb. Plus aucune de ses copines n’en a rien à foutre de ma gueule (et c’est tant mieux car ce sont des connasses), elles sont toutes trop occupées à lui faire des compliments en sur-utilisant les mots comme « épanouie », « radieuse » et « rayonnante ». Soit ce sont des grosses salopes qui se foutent ouvertement d’elle, soit elles y croient vraiment (ce qui ne m’étonnerait pas vu comment elles tannent leurs mecs pour avoir la même chose). Pourtant ma femme est dégueulasse : elle a déjà pris 3 kilos en un mois, retrouve sa peau d’adolescente et se déforme au fil du temps. Sans compter le transit intestinal : j’ai l’impression de sortir avec une anorexique sortie d’un défilé Christian Dior tellement qu’elle pue le vomi ; au moins ça me prépare à supporter le nouveau-né qui sentira pareil. Par contre, hors de question que je mette ma langue dans sa cavité buccale (maintenant c’est pipe only, faut pas déconner non plus). Et même si elle prend sévèrement des nichons, je peux même pas y toucher tellement qu’ils sont sensible.
Dès que quelqu’un commence à nous casser les couilles, on utilise la défense « enfant/femme enceinte », et c’est vrai que c’est génial, t’as tous les droits avec ça. On en abuse dans les files d’attentes, au restaurant… tels des Balkany en herbe, mais toujours dans le respect. Le respect de nous-même hein, les autres on s’en bat les couilles.
Vivement l’échographie, j’ai envie de voir ce futur petit Chignole : oui oui, je pense que ce sera un garçon. Et qu’il n’y en aura qu’un. Et puis si ce n’est pas le cas, un petit avortement, j’ai déjà trouvé sur internet pour le faire à son insu. Hé ho, c’est bon, c’est légal en France d’avorter, et puis si on ne peut pas choisir les éléments pour rendre l’avenir de son enfant radieux, où va-t-on? De toutes façons, je serai là pour la consoler si ça ne va pas… si vous voyez ce que je veux dire.
Putain, ça promet.
Chignolement votre,